jeudi 31 juillet 2008

Costa Rica 2008 - road book

Mon voyage au Costa Rica commença mal.

Un coup de fil au petit matin du départ suffit à me faire perdre tout entrain: Jérôme m'appelait du commissariat de Bruxelles, il s'était fait voler tous ses papiers, pour lui le voyage s'arrêtait avant même d'avoir commencé.

Je quittai donc l'aéroport de Casablanca un peu perdu, quelques derniers coups de fil passés aux amis pour me raccrocher à la réalité: je partais, mais seul, encore une fois.
Mais ce que je ne savais pas alors c'est que ma solitude serait seulement de courte durée: à l'aéroport de San Jose, un couchsurfer de Montpellier, répondant au nom de Guillaume, m'attendait, bien content que nous soyions tous les deux au rendez-vous fixé quelques jours auparavant. Il ne nous fallut ensuite qu'une simple course en taxi pour aller rejoindre notre hôtesse Karla au bar El Cuartel, comme nous l'avions prévu. Bien entourée, de quelques autres couchsurfers et de sa maman, Karla nous mit tout de suite à l'aise. Ainsi tout rentrait dans l'ordre, un lit et une maison nous attendaient, nous étions déjà saôuls, tout pouvait commencer.
Je passai donc la première semaine sur un petit nuage. La maison de Karla et sa famille ne pouvait se montrer plus accueillante, les couchsurfers de San Jose se succédaient rencontre après rencontre, bar après bar, bouffe après bouffe.
Guillaume et moi, sur la même longueur d'onde, nous étions tout de même accordé une escapade découverte de deux jours à Manuel Antonio, pour quelque balade pédestre au coeur de la réserve au milieu des singes, paresseux et autres lézards ou virée nautique en kayak pour découvrir la mangrove et ses habitants des lianes. La première semaine se termina lorsque rentrés du Pacifique nous entreprîmes en groupe l'ascension du volcan de la Barba et qu'il fallut après une descente mémorable sous des trombes d'eau et un barbecue bien chaleureux chez Rolando se décider à se séparer. Le lendemain je quittai donc San Jose vers Arenal, seul et le coeur un peu chagriné.

Je passai la première nuit et la matinée suivante à la Fortuna, au pied du volcan encore en activité. Je logeai à l'auberge de jeunesse Gringo´s Pete tenue par une équipe de ticas plus que délurée. Je découvrai que même seul et avec mon peu d'espagnol parlé, ticos et ticas ne demandaient qu'à partager. Dans l'histoire je gagnai un bracelet et me séparai d'un autre. J'avais laissé une petite trace.
J'eus à peine le temps d'aller admirer la cascade aux environs du cratère et de revenir pour embarquer en van-boat-van trip, solution la plus aisée et rapide en passant par le lac au pied du volcan pour se rendre à Monterverde, village caché au coeur des vertes réserves et champs de café, bananeraies et plantations de canne. Refuge magnifique, retraite calme et verdoyante qui m'accueillit deux jours, me permit d'apprendre la façon du café et de la canne à sucre et me montra combien la nature aimait le pays et combien il le lui rendait bien: plantes et animaux vivaient là en "harmonie" avec l'homme et avec le touriste! Je pus entre autres admirer des agoutis, koatis, ratons laveurs, grillons, criquets, phasmes, araignées, grenouilles, papillons, crapauds, orchidées, ficus étrangleurs ... J'achevai ma dixième journée de tico gavé. Maintenant la mer et des belges m'attendaient...

Il me fallut une journée de bus pour gagner la côte des Caraïbes à la nuit tombée, sous une pluie chaude et douce. J'étais en quête de mon auberge lorsque je tombai, quelle coïncidence, sur Guy et Jente en plein milieu du village de Cahuita. Tout excités de nous retrouver il fut très vite décidé de nous plonger directement dans nos histoires et les cocktails d'un happy hour providentiel. Le lendemain fut une magnifique journée, ou plutôt matinée, car là-bas c'est bien rare en cette saison de ne pas se faire saucer au moins une fois dans la journée. Nous profitâmes du soleil matinal pour rejoindre Puerto Viejo quelques kilomètres plus au sud pour trois heures de surf terminées sous la fameuse pluie. C'est tout fievreux et dégoulinants que nous déboulâmes comme des furieux à 18h sonnantes pour un nouvel happy hour que nous souhaitions mémorable. Ce qui avait été décrété fut executé à la lettre, nous rentrâmes tous les deux, Jente nous ayant salement lâché avant le clou du spectacle, à 3h du matin, tout à fait cuits et lavés de pied en cap par une soirée mousse inopinée. Nul besoin de s'étendre sur les détails délicats de l'affaire, mais l'histoire resterait une bien bonne histoire à raconter à Jérôme dont la pensée nous ne quittait point. Le lendemain nous ramena à San Jose, pas très frais, et le sort nous sépara sans avoir eu à surmonter les tristes embrassades des au revoir. Le 20 juillet Guy et Jente quittaient leurs vacances latines par l'avion du matin et je filai en direction de la frontière panaméenne sur l'autre côte, vers le village de Pavones qui habritait la plus longue gauche du pays.

"Et merde!!!", je venais de m'apercevoir que je n'avais toujours pas envoyé mes cartes postales, gros oubli, en même temps il n'y avait pas de poste à Pavones. Tout de même il me manquait toujours certaines adresses et ça m'était sorti de l'esprit. Un peu tard sans doute pour s'en apercevoir, certaines porteraient sûrement le cachet et le timbre français, voire pas de timbre du tout, mais c'est l'intention qui comptait. On ne pouvait pas partir à l'autre bout du monde et penser aux cartes postales alors que les vagues déferlaient les unes après les autres sans discontinuer, trois jours durant, et qu'on n'avait rien d'autre à faire que manger, dormir et surfer. Après coup, s'il y avait eu quelque chose à changer je crois que j'aurais enlevé quelques touristes, surtout blonds et taillés comme des baobabs, que j'aurais avantageusement remplacé par un breton, de Brest de préférence, pas que les bretons soient pas du type bûcheron, mais côté cheveux je me serais senti seulement plus à l'aise. Quatre jours à Pavones où, sans les vagues, j'aurais pu m'ennuyer, c'est vrai. C'était beau, naturellement beau, chaud, mouillé, très très mouillé (ceux qui m'ont suivi au Japon et se souviennent des culottes en coton comprendront de quoi il s'agit), vert bien-sûr et ça regorgeait de bêtes en tout genre, des cafards de ma case aux iguanes, tout verts avec des grandes queues et des crêtes, des vrais quoi qui grimpent aux arbres et tout, des aras rouges, très bruyants et voraces, des aigles, et des "turkeys", sortes de grosses dindes (non, non pas les copines des surfers, non pas) noires et volantes devenues l'emblême local.

Mon voyage se terminait donc comme il aurait dû commencer, par du surf. Ainsi je repartais le coeur léger et les pieds marqués, rapport aux très gros cailloux qui tapissaient le fond de l’eau au bord, c’est à dire en fin de vague, et je dois vous dire à propos de mes pieds, il faut toujours qu’ils fouinent…
Ce soir et demain je serai à San Jose et dimanche vol retour pour l’Europe. Hasta luego Costa Rica. A una otra vez.

25/07/2008